Création participative en déambulation sous casque dans l’espace public avec des habitantes d'Aubervilliers
Création de la compagnie Sapiens Brushing et des habitantes d'Aubervilliers
octobre 2021 et mars 2022 à Aubervilliers
Dans le cadre de la programmation égalité femmes-hommes
A réécouter en podcast
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Ce projet est né de la volonté de la Cie Sapiens Brushing d’imaginer un spectacle à la forme originale avec un groupe d’habitantes.
Lors d’ateliers menés au printemps 2021, les artistes de la compagnie ont aidé les participantes à déployer leur imaginaire, à se raconter, à mettre en forme et en corps leurs récits. Ces derniers ont été enregistrés et un univers sonore et musical envisagé comme un prolongement et une résonance de chaque femme a été composé.
Se présentant à nous, en chair, en os, en voix, devant nous et au creux de l’oreille simultanément, elles se proposent pour un temps de se déployer et de se raconter au détour d’un square, au coin d’une rue… Des portraits mis en musique et en espace qui permettent d’accéder à l’intime dans l’espace public, de prendre le temps de s’y arrêter et d’écouter d’autres histoires que la sienne, de rencontrer les présences sensibles et spontanées de nos voisines inconnues et extraordinaires.
Les habitantes : Telma, Samira, Mireille, Josy, Gaëlle, Fanny et Alicia.
Les artistes : Stéphane Duperay (mise en espace et en corps),
Mélanie Collin-Cremonesi (création sonore) Clotilde Penet (photographe)
Jusqu’où nous mènent nos choix ? Vers quels inattendus qui modifieront la trajectoire ? Telma vient de loin et nous demande si c’est la terre natale ou l’Histoire qui façonne l’être. Il n’est pas toujours possible de rentrer à la maison, alors on en trouve une autre ailleurs. A se demander si on est d’ici ou de là-bas …
Josy est une femme, on l’aura remarqué, et c’est par ce prisme qu’elle se présente à nous aujourd’hui. Elle nous offre l’occasion de déambuler dans sa galerie des glaces, multipliant ainsi les possibilités de saisir l’une ou l’autre de ses facettes et montrant qu’il est tout à fait possible de rater cinq fois son permis de conduire.
Avec qui Samira passe-t-elle toutes ses journées ? Dans sa vie d’Albertivillarienne active et généreuse, Samira n’est jamais seule et peut compter sur le soutien indéfectible de ce mystérieux compagnon qui l’accompagne dans toutes ses aventures, qu’il pleuve ou qu’il vente. Mais qui est-il ? Et que font-ils ensemble ?
Gaëlle nous enseigne qu’il est des changements qui mènent vers d’imprévisibles destinations. En premier lieu, soi-même, rencontré dans le calme d’un espace intérieur remis en ordre. De là surgit une voix, bientôt rejointe par d’autres, qui racontent l’expérience collective qui remue et transforme. Alors, tout est juste.
Mireille est arrivée en France en 1997, laissant derrière elle la République Démocratique du Congo. De cet ailleurs chéri elle a ramené ce qu’elle a de plus précieux et qu’elle nous fait l’honneur de partager aujourd’hui. Un objet protéiforme à la saveur d’une madeleine de Proust. Dégustation incluse.
Peut-on résumer l’identité d’une personne en un mot ou même en une phrase ? Dans sa tentative d’auto-définition, Fanny nous laisse regarder au travers de son kaléidoscope intérieur, où une chamane qui s'ignore côtoie une musicienne qui ne joue d’aucun instrument. L’être d’un être est de persévérer dans son être …
Il y a de saines colères. Dire « merde », ça fait du bien. Quand le quotidien est sans cesse rendu plus compliqué qu’il ne l’est déjà, l’énervement gagne, Alicia ne le sait que trop bien. Son destrier est fidèle mais ne peut soulever les véhicules gênant son passage. Alors quand la route est dégagée, il s’en donne à cœur joie.
Projet lauréat 2021
Pour une place égalitaire des femmes dans l’espace public
UNE RUE À VOUS, UNE RUE À ELLES
Nous souhaitions ouvrir un espace permettant de rencontrer des habitantes dans la rue. Transformer l'habituel lieu de circulation anonyme en territoire propice à leur représentation et à l'expression de leur créativité. L'utilisation du casque pour recevoir ces paroles précieuses au creux de l'oreille tout en naviguant dans l'espace public, s'est alors imposée. Lors d’ateliers me nés au printemps 2021, les participantes ont été accompagnées pour déployer leur
imaginaire, se raconter, mettre en forme et en corps leurs récits.
Se présentant à nous en chair, en os, en voix, devant nous et au creux de l'oreille simultanément, ces sept habitantes se proposent pour un temps de se déployer et de se raconter au détour d'un square, au coin d'une rue ...
Des portraits mis en musique et en espace qui permettent d'accéder à l'intime dans l'espace public, de prendre le temps de s'y arrêter et d'écouter d'autres histoires que la sienne, de rencontrer les présences sensibles et spontanées de nos voisines inconnues et extraordinaires
Enregistrement et composition : Mélanie Collin-Cremonesi
Mise en corps/espace : Stéphane Dupéray
GENESE DU PROJET
Une rue à soi …
Dans Une Chambre à soi, Virginia Woolf dépeint il y a presque cent ans une condition féminine qui s’améliore extrêmement lentement. Elle démontre avec ironie comment le muselage créatif des femmes, « enfermées à l’intérieur de leur maison pendant des milliers d’années », a appauvri la littérature. Plus largement elle parle des contraintes liées au mariage, à la charge des enfants et du ménage, ne laissant pas aux femmes le temps de se consacrer à la créativité. Elle détaille les conditions matérielles limitant l’accès des femmes à cette dernière : difficulté pour les femmes à sortir seules pour s’ouvrir l’esprit, à s’installer à la terrasse d’un restaurant pour prendre le temps de réfléchir, à s’asseoir dans un parc à la recherche d’une idée. Flânant dans les allées de l’université fictive d’Oxbridge, Virginia Woolf devise : « n’est-ce pas quelquefois dans l’oisiveté, dans le rêve que la vérité noyée émerge quelque peu ? » Certes, et quelles femmes, mis à part une poignée de privilégiées, pouvaient se permettre, dans ce premier tiers du 20ème siècle, de déambuler seules comme elle le faisait ? Un parallèle évident avec notre époque et particulièrement avec la ville qui nous intéresse : quelles femmes peuvent aujourd’hui flâner en toute tranquillité dans l’espace urbain, à n’importe quelle heure, en toute liberté et sans peur d’être suivie, importunée ou pire ? Où se situe dès lors leur espace de créativité s’il ne peut pas non plus être niché dans leur appartement ?