Genèse du projet


Ce texte riche fut une véritable rencontre, un coup de cœur artistique. Réunies dans un salon, nous l’avons abordé sans autre objectif que le plaisir d’en mâcher les mots, d’en observer les subtilités ; d’en laisser le thème, faire écho en chacune de nous.

En découvrant cette pièce nous nous sommes découvertes nous-mêmes, dans notre intimité, dans notre impossibilité de dire les angles morts de notre féminité, plus difficile à exprimer que nous le pensions. Nous avons exploré la puissance des mots, ceux qui ont le pouvoir de manier les vérités, les libertés. Ceux qui soignent aussi.

Cette émotion liée au verbe, nous avons voulu la partager avec le public, et de cette lecture entre nous est née une lecture mise en espace.


Un cadre épuré, dépouillé de tout artifice, semblait le mieux à même de faire entendre les mots, d’assurer leur transmission et leur mise en valeur. C’est ainsi que pendant près de trois ans nous avons offert ce texte aux spectateurs, entourées de trois pupitres, d’un accordéon et de quelques lampes.


Mais pour livrer ces paroles de femmes, il nous fallait aussi des lieux atypiques et intimistes, qui permettraient au passage d’approcher un public très varié, parfois peu habitué au théâtre. Cut s’est ainsi joué dans des endroits comme Iris, galerie photo (Paris 3e) ; Meloz, salon de coiffure (9e) ; Le Cabaret du Néant, cave gothique (11e) ; Atelier Profils & Reliefs - atelier de sculpture (13e) ; les toilettes de La Rotonde Stalingrad (19e) ; un atelier de La Forge de Belleville (20e) ; le salon d’une maison privée et l’auditorium de la médiathèque de Saint-Ouen (93 - programmation dans le cadre d’un cycle spécial sur l’égalité femmes-hommes).


 


Cut est un texte universel, qui touche à la fois les genres (homme et femme) comme les courants (masculin et féminin). Provoquant, incisif mais non accusateur, le texte résonnait grâce à l’intimité de notre proposition (la lecture-spectacle), mais aussi grâce à son épure, sur laquelle tous pouvaient projeter ses images, ses expériences... De fait, nous avons constaté dès nos débuts que le public était particulièrement réceptif. Nous sentions une présence « active » des spectateurs, parce qu’ils étaient concernés par ce qui était dit. À la fin, femmes ou hommes revenaient systématiquement vers nous pour échanger sur certains passages dans lesquels ils reconnaissaient quelque chose de leur vécu. Ce moment de rencontre entre le public et les Dames de Cut n’était pas à proprement interactif, mais vécu comme tel.